Armin Strom présente un squelette complexe et décontracté
Avec son Tourbillon Skeleton Earth, la marque biennoise nous offre une démonstration toute en élégance de sa maitrise horlogère. Une pièce spectaculaire, qu’on ose pourtant sans peine porter au quotidien.
Air, eau, terre ou feu, chacun des quatre éléments a sa traduction horlogère chez Armin Strom et l’acier recouvert de PVD noir de la montre que je porte aujourd’hui, en lui donnant une force presque tellurique, signe sans ambigüité son appartenance à la terre. Sur cette Tourbillon Skeleton Earth, le travail de squelettage révèle la complexité et l’originalité du mouvement, sans jamais nuire à la lisibilité de l’ensemble, servie par de larges aiguilles et la légère opacité du réhaut en saphir.
Armin Strom Tourbillon Skeleton Earth
Un jeu de contrastes multiples
Au porté, la première sensation est agréable et paradoxale, la pièce est à la fois sophistiquée et terriblement simple, comme un tableau baroque dans un cadre minimaliste, la richesse du mouvement s’opposant aux lignes tendues de la boîte, caractéristiques de la marque, et dont les cornes agressives ne tarderont pas à mordre sans remords le bois de ma table de nuit. Les contrastes ne s’arrêtent pas là: les surpiqures blanches sur le cuir noir du bracelet – un magnifique alligator «Horn Black» - surprennent de prime abord, mais finissent par convaincre. Elles répondent au blanc des aiguilles et propulsent la montre vers un univers presque «casual», appelant malgré le squelettage et le tourbillon à un usage décontracté, une pièce qui affiche au premier coup d’œil ses qualités exceptionnelles, et que l’on peut pourtant porter sans prétention. Je ne sais pourquoi, elle me rappelle une ancienne publicité de France Culture, dont la baseline décalée proclamait: «Signe intérieur de richesse».
Armin Strom Tourbillon Skeleton Earth
A neuf heures, le tourbillon et sa petite aiguille qui marque les secondes surgissent du fond de la montre comme s’ils jaillissaient d’un puit. On dirait un hologramme, une fantaisie optique en trois dimensions, renforcée par un squelettage qui révèle parfaitement les différentes couches du mouvement. A gauche l’épure, avec ce tourbillon qui semble flotter dans le vide, à droite la complexité avec le jeu des strates mécaniques qui donnent à lire toute l’architecture du mouvement.
Armin Strom Tourbillon Skeleton Earth vue de dessous
Symétries concentriques
Le double barillet, squeletté lui aussi, complète le spectacle. On le voit tourner et les spiraux se tendre lors du remontage. Le mouvement est élégant, asynchrone, il donne l’illusion de deux roues à rayons tournant en sens contraire et font regretter une réserve de marche de dix jours qui nous empêche de remonter la montre aussi souvent qu’on le souhaiterait. Des symétries successives se révèlent: à deux avec le double barillet, à trois lorsque le regard les combine avec le tourbillon. Au dos de la montre, à travers le fond saphir, la platine squelettée magnifie elle aussi ces trois cercles et les vagues concentriques qui les forment.
Armin Strom Tourbillon Skeleton Earth
Côté cadran, une symétrie horizontale apparaît enfin, dessinée par le train de rouages qui court de la couronne jusqu’à l’axe des aiguilles. L’axe des aiguilles, justement. Il est légèrement excentré, déporté un peu à neuf heures, confirmant subtilement l’originalité du mouvement. Le réhaut saphir sur lequel prennent place les index en applique est lui aussi excentré, plus large à trois heures où apparaît la marque Armin Strom, plus fin ensuite jusqu’à disparaître complètement à neuf heures, comme avalé par le tourbillon.