Armin Strom Racing Gravity
Mécanique de course au poignet avec Armin Strom
Portées à tour de rôle, la Racing Gravity et la Racing Manual ont su faire jouer leurs atouts. Cohérentes et toniques, elles amènent un regard neuf sur les montres à cœur ouvert.
Par Louis Nardin
Journaliste
L’horloger Armin Strom aimait révéler les rouages et son style de squelettage avait la cote auprès de nombreuses maisons établies comme Omega par exemple. Aujourd’hui, le nom est devenu une marque indépendante pleine d’énergie et rigoureuse dans son approche. Elle possède aujourd’hui sa propre manufacture à Bienne et ses produits perpétuent ce besoin de dévoiler l’intérieur du calibre. Grâce à des choix nets, elle a développé une personnalité riche et authentique. Riche car les montres Armin Strom traduisent une approche précise et variée de la technique horlogère. Et authentique car on trouve dans chaque modèle quelques détails qui les distinguent nettement. Watchonista a eu en main en même temps la Racing Gravity et la Racing Manual, deux modèles de la collection sportive Racing. Retour sur un double test
Brouillage cristallin
La Racing Gravity et la Racing Manual partagent plusieurs points communs. D’abord, un bloc moteur version Formule 1.
En effet, les ponts sont fabriqués dans le métal d’une machine de l’écurie Marussia F1 Team, avec laquelle Armin Strom est liée. Si cela ne se remarque pas spontanément, l’idée sonne parfaitement juste: faire à nouveau vibrer un moteur de compétition. Les surfaces des ponts mettent sur la piste puisqu’elles présentent un brouillage doublé d’un effet cristallin, le genre de reflets qui s’observent sur les grosses pièces mécaniques. Et si des doutes subsistaient encore, le résultat final les balaie car ces peu d’états de surface s’avèrent si rares, chics et nerveux à la fois.
Les deux mouvements - AMR13-MR pour la Racing Gravity et AMW11-MRpour la Racing Manual - partagent aussi une construction similaire avec les secondes à 9h dont la petite aiguille survole un véritable puits traversant tout le mouvement. A 2h, se loge le barillet. Maintenu par un pont triangulaire, son rochet comporte le nom de la marque en relief sur un fond grené. Une tendance apparue à la fin du 18ème siècle chez les horlogers Anglais et qui refait heureusement surface ces dernières années. Enfin, à 4h apparaît soit le micro rotor avec un système à cliquet visible sur la Racing Gravity ou alors, une plaque triangulaire qui rappelle un radiateur automobile sur la Racing Manual.
La géométrie technique des calibres plaît d’autant plus qu’elle est commune à la majorité des modèles du catalogue.
La seconde, toujours à l’opposée de la couronne, est dans certains cas doublée d’un tourbillon.
Le barillet ainsi que système de remontage se logent dans la moitié droite de la montre. Armin Strom a donc fait ses choix et s’y tient. Et ce courage paie car les montres Armin Strom, identifiables au premier coup d’œil, ne ressemblent en effet à aucune autre famille de montres «ouvertes». L’équilibre entre les décors et les couleurs est d’ailleurs toujours réalisé avec justesse: ni trop, ni trop peu, avec précision et avec le soin des détails. La montre au poignet, on se surprend d’ailleurs à observer de plus en plus fréquemment les méandres du calibre. Les aller-retour saccadés du micro-rotor captent particulièrement souvent l’attention. Le système de mise à l’heure est pour sa part mis en évidence par 4 roues placées sur une ligne horizontale, du centre vers la couronne. A noter la réserve de marche élevée de 5 jours sur chacun des calibres, ce qui augure une bonne performance du micro-rotor sur le modèle automatique, d’autant que la fréquence est de 18'000 alternances-heure, que l’échappement se compose d’un roue d’ancre et d’une ancre en or massif dont les surfaces fonctionnelles ont été écrouies. Il y a aussi, pour l’amélioration de la qualité, ce système de réglage fait d’un balancier à vis doté d’une spirale Breguet.
Décentrage et dissimulations
La signature visuelle majeure des Armin Strom se trouve dans les cadrans annulaires excentrés. L’idée a le mérite de dégager la vue sur le mouvement et de dissimuler partiellement des parties d’organes du calibre pour mieux les mettre en valeur. Le décalage du centre de gravité visuel vers la gauche crée toutefois un déséquilibre, renforcé par la cartouche «Armin Strom» intercalée entre le cadran et la couronne. Mais là encore, il s’agit d’une posture assumée qui donne leur saveur aux montres. Tout comme l’ergot qui dépasse de la lunette à 6h.
Typées et scintillantes, la Racing Gravity et la Racing Manual représentent un double aperçu d’un catalogue aux idées nouvelles et originales. Avec des bases solides, la jeune marque possède l’énergie et la volonté indispensables pour diffuser sa propre vision de l’horlogerie. Un goût pour la victoire qui dépasse de loin le bruit des circuits.