Armin Strom : la résonance en toute transparence
La marque Armin Strom a fait de la transparence une signature pour que résonne toujours le plaisir de la précision. Découverte d’une maison qui fête les 10 ans de sa manufacture.
Vivre en harmonie avec son temps tombe sous le sens pour toutes les maisons horlogères. Et si les maîtres savent, depuis l’invention de la suspension de pendule par Christian Huygens au milieu du XVIIème siècle, combien la précision dépend de la façon dont le balancier oscille, tous les inventeurs n’ont pas abordé son fonctionnement régulier de la même manière. La maison Armin Strom, fondée en 1967 par un artisan passionné par l’art du squelettage et racheté en 2006 pour lancer en 2009 sa propre manufacture, a su donner à cet art de la mise en lumière des éléments mécaniques constitutifs d’une montre toute son ampleur, en revisitant son fonctionnement afin de lui garantir une précision supérieure et plus durable.
Mettre en lumière une invisible révolution
Soyons clair, la résonance n’est pas une invention horlogère de ce siècle. En effet, des artistes brillants et visionnaires, en génies de leur temps, ont déjà tenté l’expérience après que le mathématicien Christian Huygens (1629-1695) en ait défini l’existence par l’observation de cette force invisible, susceptible d’avoir une incidence sur la marche des pendules dès l’instant où deux d’entre-elles étaient à proximité l’une de l’autre. Entre-temps des maîtres comme Janvier et Breguet ont mis à profit l’influence de cette propriété pour créer des horloges de parquet d’une rare précision.
Depuis François-Paul Journe a proposé sa version des choses en intégrant le principe dans un boîtier de montre-bracelet. Depuis, l’idée a fait son chemin et Armin Strom a choisi d’en présenter une version mécaniquement différente, mais aussi visuellement plus démonstrative en choisissant d’afficher deux heures différentes sur deux cadrans distincts dont la présence n’empêche pas le regard de l’observateur de plonger au cœur du mouvement grâce à la mise au point d’un impressionnant boîtier oblong usiné dans un bloc de saphir transparent. Comme le soulignait Claude Greisler, le Co-fondateur de la manufacture, ce nouveau boîtier en verre saphir constitue l'écrin idéal capable de célébrer la passion et le travail minutieux que les horlogers ont consacré à la Dual Time Resonance. Et il ajoutait : « la transparence totale ne laisse place à aucune approximation et exige une finition du plus haut niveau, ce qui est en adéquation avec notre philosophie ».
Le monde en toute transparence
Baptisée Dual Time Resonance Sapphire, cette référence dédiée aux grands voyageurs présente un boîtier en saphir occupant le poignet dans sa longueur, destiné à protéger sans en empêcher la découverte visuelle, de deux calibres à remontage manuel réunis sur une seule platine pour offrir l’heure en parallèle dans deux fuseaux horaires différents. Ces cœurs sont réalisés à l’interne par 20 employés, comme les 400 montres produites chaque année par cette maison indépendante. Finis avec soin selon les standards les plus élevés de la profession, ces deux mouvements indépendants voient les spiraux de leurs deux balanciers reliés par un nouveau ressort de résonance.
Cette construction dont le Centre Suisse d’électronique et de microtechnique qui s’est intéressé au procédé a reconnu toute la validité, permet de faire gagner près de 20 pour cent de précision à la montre en étant équipée. Éditée à 8 exemplaires seulement, cette merveille de transparence proposée à un tarif avoisinant les 280 000 francs suisses attire le regard par son originalité de ligne mais c’est avant tout la mise en valeur de cet ensemble de deux balanciers allant littéralement l’amble qui fait de cette montre capable d’afficher deux heures différentes alors que les mouvements indépendants sont connectés, une pièce à part. On notera que l’équipe a choisi d’installer un poussoir à 2 heures permettant de recaler les trotteuses de chacun des deux compteurs et de resynchroniser les balanciers qui mettront quelques minutes à rentrer en « harmonie », le terme employé par les horlogers du passé pour évoquer le principe de l’appairage.
(Photos par Pierre Vogel)